Visite de l’église Sainte Marie

En 1239, les Frères Prêcheurs, appelés Jacobins dans le Royaume de France, construisent leur couvent dans un faubourg à la limite de la Cité et du Château. C’est leur chapelle qui est à l’origine de l’église paroissiale Sainte-Marie.

SON ARCHITECTURE

Aujourd’hui, la façade nord de l’édifice barre au sud, la petite place triangulaire des Jacobins. Deux chapelles basses sont adossées au mur de la nef. Les murs sont simplement scandés par des contreforts. A l’extrême-ouest, s’ouvre un portail du XVIIème siècle. Dans une niche, encadrée par deux spirales, une statue, une Vierge à l’Enfant, prouve que ce lieu est particulièrement voué au culte de Marie. Abrité par le porche, un portail limousin gothique du XIVème siècle présente toutes les composantes régionales de cet élément architectural: les arcs brisés, les trois voussures, la frise-chapiteau, les colonnettes et les tores. Dans le mur nord de la grande nef unique, couverte de lambris, s’ouvraient deux chapelles voûtées d’ogives. Aujourd’hui, la plus orientale fait fonction de sacristie.

UN RETABLE ARCHITECTURE: reflet de l’époque post-tridentine

Sur le mur du chevet plat est plaqué un monumental retable architecturé. Cette œuvre, réalisée en bois peint et doré, est à classer dans le style baroque pour les thèmes traités, leur mise en scène et l’ensemble de la décoration.

Sa construction rigoureuse lui donne une grande originalité. Tous les éléments sont séparés par de simples pilastres. Seul le panneau central où l’entablement décrit une courbe est encadré par des colonnes. Les deux constructions symétriques se présentent comme des triptyques, deux volets largement ouverts, un volet central avec une statue. A gauche, Saint Martial, premier évêque de Limoges, tend une croix de Lorraine vers le tabernacle. A droite, Saint Etienne, proto-martyr, par un geste semblable le désigne.

SA STRUCTURE

Une description verticale de ces ensembles se structure en quatre étages, limités par des corniches.

Les bas-reliefs dorés, représentant les quatre évangélistes et leurs symboles, sont le soubassement.

Le second niveau est celui des statues, l’entablement est le troisième.

Et sur la cimaise, deux médaillons : Saint Pierre à la verticale de Saint Martial, Saint Paul à celle de Saint Etienne. C'est la figuration de la Réforme catholique : les évangiles sont le fondement de l’Eglise qui est institution (Saint-Martial) et qui est l’assemblée des croyants (Saint-Etienne)

LE CORPS CENTRAL

Le corps central est un porche somptueux."La présentation de la Vierge au temple." œuvre du peintre Jean Restout (1692-1768) en occupe tout l’espace. Le maître-autel, le tabernacle surmonté d’un triangle et d’une croix avec son environnement tout dorés sont situés devant l’entrée du porche. Le spectacle de la présentation est une manifestation de joie. La Vierge touche à peine le sol, voulant se jeter dans les bras du Grand Prêtre. Une voûte profonde prolonge l’espace. Un fronton tout en courbes domine le retable. Un cercle est en son centre, un triangle y est inscrit dans lequel le mot YAHVE est écrit.

Sur la ligne verticale médiane du monument Dieu, le Christ crucifié, l’hostie consacrée manifestent la vérité de la transsubstantiation.

Dans la décoration, tout est vie et joies.Les frontons, les médaillons, les moulures, la frise sont ornés d’un foisonnement de feuillages et de fleurs, des rinceaux, des raies lumineuses : tout est doré.

L’entablement sépare le monde céleste et le monde terrestre. Sur la cimaise, sont les anges du ciel, l’un d’eux proche de Saint-Martial tient une mitre. Des têtes d’angelots surgissent au-dessus des guirlandes, autour du tabernacle, alors que Jésus, sur la porte, est représenté enfant portant sa croix, ils en sont les gardiens. Au temps de la Réforme catholique et du Baroque, les anges sont des messagers qui donnent du monde céleste une vision dynamique et qui associent ciel et terre. Ils sont des porteurs de vie.

Le Rétable est donc une véritable scène théâtrale qui traduit toute la sensibilité des catholiques au XVIIème et au début du XVIIIème siècle. Celui-ci est particulier parce qu’il a été réalisé pour des séminaristes.

SAINTE MARIE: SON HISTOIRE DANS LA VILLE

Depuis le XIIIème siècle l’église a participé à la vie de la ville. Les bourgeois venaient écouter les Jacobins prêcher en langue vulgaire. En 1791, la chapelle fut dédiée à Saint Thomas d’Aquin. Les cérémonies étaient célébrées par des prêtres assermentés, ils avaient prêté serment à la constitution civile du Clergé. Après la signature du Concordat en 1802, elle fut choisie pour être une des quatre paroisses de la ville. Lorsque la chapelle du séminaire a été détruite, le Rétable a été installé au chevet.

L’église Sainte-Marie est riche de son histoire et de tout un patrimoine mobilier qu’il est impossible d’évoquer ici.