LA PAGE DU DIMANCHE

5ème dimanche de carême

Dimanche 26 mars 2023 – 5ème dimanche de carême - Année A

Jésus rejoint Marthe et Marie dans la situation bouleversante de la mort de
leur frère. Séparation. Mystère de la vie et de la mort. La détresse n’empêche
pas Marthe de faire confiance et de supplier. Sa relation avec Jésus est assez
intime pour être vraie. Même douloureux, le dialogue ouvre sur une véritable
profession de foi. Demandons la foi de Marthe.

PREMIÈRE LECTURE

« Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » (Ez 37, 12-14)

Lecture du livre du prophète Ézékiel

Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Je vais ouvrir vos tombeaux
et je vous en ferai remonter,
ô mon peuple,
et je vous ramènerai sur la terre d’Israël.
    Vous saurez que Je suis le Seigneur,
quand j’ouvrirai vos tombeaux
et vous en ferai remonter,
ô mon peuple !
    Je mettrai en vous mon esprit,
et vous vivrez ;
je vous donnerai le repos sur votre terre.
Alors vous saurez que Je suis le Seigneur :
j’ai parlé
et je le ferai
– oracle du Seigneur.

    – Parole du Seigneur.

PSAUME

(Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8)

R/ Près du Seigneur est l’amour,
près de lui abonde le rachat.
 (Ps 129, 7bc)

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !

Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.

J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.

DEUXIÈME LECTURE

« L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous » (Rm 8, 8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères,
    ceux qui sont sous l’emprise de la chair
ne peuvent pas plaire à Dieu.
    Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair,
mais sous celle de l’Esprit,
puisque l’Esprit de Dieu habite en vous.
Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas.
    Mais si le Christ est en vous,
le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché,
mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes.
    Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en vous,
celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous.

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11, 1-45)

Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi.

Moi, je suis la résurrection et la vie, dit le Seigneur.
Celui qui croit en moi ne mourra jamais.
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi.
 (cf. Jn 11, 25a.26)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

    En ce temps-là,
    il y avait quelqu’un de malade,
Lazare, de Béthanie,
le village de Marie et de Marthe, sa sœur.
    Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur
et lui essuya les pieds avec ses cheveux.
C’était son frère Lazare qui était malade.
    Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus :
« Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
    En apprenant cela, Jésus dit :
« Cette maladie ne conduit pas à la mort,
elle est pour la gloire de Dieu,
afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
    Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
    Quand il apprit que celui-ci était malade,
il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
    Puis, après cela, il dit aux disciples :
« Revenons en Judée. »
    Les disciples lui dirent :
« Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider,
et tu y retournes ? »
    Jésus répondit :
« N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ?
Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas,
parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
    mais celui qui marche pendant la nuit trébuche,
parce que la lumière n’est pas en lui. »
    Après ces paroles, il ajouta :
« Lazare, notre ami, s’est endormi ;
mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »
    Les disciples lui dirent alors :
« Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »
    Jésus avait parlé de la mort ;
eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.
    Alors il leur dit ouvertement :
« Lazare est mort,
    et je me réjouis de n’avoir pas été là,
à cause de vous, pour que vous croyiez.
Mais allons auprès de lui ! »
    Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
dit aux autres disciples :
« Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

    À son arrivée,
Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.
    Comme Béthanie était tout près de Jérusalem
– à une distance de quinze stades
(c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,
    beaucoup de Juifs étaient venus
réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.
    Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus,
elle partit à sa rencontre,
tandis que Marie restait assise à la maison.
    Marthe dit à Jésus :
« Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort.
    Mais maintenant encore, je le sais,
tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »
    Jésus lui dit :
« Ton frère ressuscitera. »
    Marthe reprit :
« Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection,
au dernier jour. »
    Jésus lui dit :
« Moi, je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi,
même s’il meurt, vivra ;
    quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais.
Crois-tu cela ? »
    Elle répondit :
« Oui, Seigneur, je le crois :
tu es le Christ, le Fils de Dieu,
tu es celui qui vient dans le monde. »

    Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie,
et lui dit tout bas :
« Le Maître est là, il t’appelle. »
    Marie, dès qu’elle l’entendit,
se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.
    Il n’était pas encore entré dans le village,
mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré.
    Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie
et la réconfortaient,
la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ;
ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
    Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus.
Dès qu’elle le vit,
elle se jeta à ses pieds et lui dit :
« Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort. »
    Quand il vit qu’elle pleurait,
et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi,
Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,
    et il demanda :
« Où l’avez-vous déposé ? »
Ils lui répondirent :
« Seigneur, viens, et vois. »
    Alors Jésus se mit à pleurer.
    Les Juifs disaient :
« Voyez comme il l’aimait ! »
    Mais certains d’entre eux dirent :
« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle,
ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

    Jésus, repris par l’émotion,
arriva au tombeau.
C’était une grotte fermée par une pierre.
    Jésus dit :
« Enlevez la pierre. »
Marthe, la sœur du défunt, lui dit :
« Seigneur, il sent déjà ;
c’est le quatrième jour qu’il est là. »
    Alors Jésus dit à Marthe :
« Ne te l’ai-je pas dit ?
Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
    On enleva donc la pierre.
Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit :
« Père, je te rends grâce
parce que tu m’as exaucé.
    Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ;
mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure,
afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
    Après cela, il cria d’une voix forte :
« Lazare, viens dehors ! »
    Et le mort sortit,
les pieds et les mains liés par des bandelettes,
le visage enveloppé d’un suaire.
Jésus leur dit :
« Déliez-le, et laissez-le aller. »
    Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie
et avaient donc vu ce que Jésus avait fait,
crurent en lui.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

 

HOMÉLIE

Le Monde moderne, (comme le monde de tous les temps d'ailleurs) est à la recherche d'un sauveur, d'un gourou, d'un Messie, d’un leader qui remettra de l’ordre et assurera que nous aurons tous une bonne retraite le plus tôt possible. Il fabrique des stars, des idoles, des "monstres sacrés", des généralissimes, des petits pères du peuple, des éminences. Idoles, aux pieds fragiles, éphémères et vite relégués dans les soutes du Musée Grévin. Les idoles s'écroulent, seul Dieu reste.

Comment les chrétiens peuvent‑ils, dès lors se sentir complexés de dire que leur guide, leur modèle, leur idéal : c'est le Christ.

L’Evangile du jour nous donne une occasion formidable de mieux connaître cet homme étonnant. Suivons‑le aujourd'hui à Béthanie où vient à peine de cesser le cri des pleureuses qui ont accompagné Lazare au tombeau. Qui est ce Christ que nous campe cet Evangile de la résurrection de Lazare ?

Ce qui frappe dans cet Evangile, c'est, bien sûr, l'étonnant thaumaturge qui ressuscite un mort, mais c'est aussi la simplicité, l'humanité de cet homme, son affectivité, tellement semblable à la nôtre : ‑ Il va une fois de plus à Béthanie ("la maison du pauvre" en hébreu). C'est là son havre de repos, la maison de l'amitié, où il peut se délasser, passer un moment sans être obligé d'alimenter la conversation. L’évangile ajoute une simple phrase : « Jésus aimait Marthe et sa sœur… Il aimait Lazare. Celui que tu aimes est malade ». C’est un être bouleversé d’une émotion profonde devant les pleurs de Marie, qui se rend au tombeau de son ami. Jésus est un homme, viscéralement un homme, qui ne cache pas ses émotions, et ces larmes silencieuses sont les larmes d’un homme qui pleure un ami, un être cher. Regardons vivre le Christ, véritablement homme comme vous et moi. Partout vous retrouvez la trace de celui qui a tenu à vivre dans la grisaille du quotidien toute la condition humaine : de celle qui combat en Ukraine ou en Russie, de celle qui survit dans les tremblements de terre de Turquie, de celle qui essaie de fuir un pays en guerre, de celle qui combat pour plus de justice. Et pourtant cet homme si semblable à nous reste le tout-Autre.

Pourquoi donc tarde‑t‑il tant à aller guérir Lazare ? Ce Lazare qu'il aimait tant ? Comment n'avoir pas évité à ses amies Marthe et Marie un tel chagrin ? Peur d'aller en Judée, peur d'être lapidé, comme le lui promettent ses disciples ? Attend‑il la volonté d'un Autre, la volonté du Père ? Peut‑être. Nous n’en savons rien. Ne doit‑il pas préparer ceux qui l'aiment à sa mort et à sa Résurrection ? Situé immédiatement avant la Passion, cet événe­ment prend tout son sens de signe‑avant‑coureur, capable d'ap­porter un réconfort à ses disciples qui vont bientôt en voir de dures !

Regardez cette assurance quand d'une voix forte, Il crie : "Lazare, viens dehors !" Il est ici le vainqueur de la mort. Ici, il s'attaque à l'implacable mort qui n'est pour lui, qu’un sommeil. Il redonne la vie. Cet homme Jésus, possède les pouvoirs de Dieu. Il va même oser dire non pas : je donne la résurrection et la vie : mais « je suis la résurrection et la vie »  Et Marthe ne s'y trompe pas et lui donne sa véritable identité : « Tu es le Messie, le Fils de Dieu. »

Voilà donc le Christ que nous révèle l'Evangile : totalement homme, totalement Dieu. Pleinement de "chez nous", et pleine­ment d'ailleurs. Le "Tout‑nôtre" et le "Tout‑Autre". Le fils de Marie, et le Fils de Dieu. L'Homme bouleversé par les pleurs, et commandant à la mort de disparaitre. Réalisons‑nous la place centrale et fondamentale du Christ entre Dieu et l'homme ? Il est le pont jeté sur l'abîme qui sépare inévitablement l'Infini du néant, le Créateur de la créature. Parce qu'il est homme, il touche au rivage de l'humain, mais parce qu'il est Dieu, il touche au rivage du divin. Parce qu'il est homme, il peut parler à Dieu au nom de ses frères les hommes, et parce qu'il est Dieu, son Père ne peut pas ne pas prendre en compte sa prière. Le Christ est tout ensemble notre sel et notre diamant : le plus familier et le plus précieux - sans prix !

 

PRIÈRE UNIVERSELLE

Prêtre : Tournons-nous vers le Seigneur, notre sauveur.

 

L’amitié que Jésus porte à Lazare, à Marthe et à Marie, laisse entrevoir la grandeur de la compassion et de la miséricorde. Accompagne ton Eglise, Seigneur, dans la proclamation de ces mêmes valeurs, qu’elle reste infatigable à rappeler que « Jésus est la résurrection et la vie ».

 

Jésus fait sienne la douleur des proches de Lazare et ouvre des horizons de vie grâce à la foi. Aide Seigneur, les habitants de notre monde à comprendre que la réponse au problème de la mort, c’est Jésus : « celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. »

 

Autour du tombeau de Lazare, il y a la précarité de notre vie mortelle. Apaise, Seigneur, les familles endeuillées, traversées par l’angoisse de la mort. Qu’elles découvrent en toi l’Espérance qui vainc la mort et le mal : « Moi, je suis la résurrection et la vie ».

 

La voix de Jésus ne cesse de nous rappeler à la vie et nous redire, comme à Lazare : « Viens dehors ». Tire notre communauté chrétienne du sommeil du péché, Seigneur, ranime notre foi, que nous participions toujours à la vie nouvelle reçue à notre baptême et disions : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois. »

 

Prêtre :  Seigneur, tu ne veux pas la mort, mais la vie. Révèle au cœur de tous ceux qui te cherchent la force de ta Parole, toi notre sauveur et notre Dieu, pour les siècles des siècles.

 

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