Ukraine: pour le Pape, «celui qui fait la guerre, oublie l’humanité»

«Que les armes se taisent !» a lancé le Pape François ce dimanche devant une foule nombreuse de fidèles -dont un certain nombre d'Ukrainiens- réunis Place Saint-Pierre pour la prière de l’Angélus. Plus que jamais, l’évêque de Rome invite à prier et jeûner ce mercredi des Cendres pour la paix en Ukraine.
 

Au terme de la prière mariale de l’Angélus, le Pape François a longuement évoqué le conflit qui ensanglante l’Ukraine depuis quatre jours et l’invasion de son territoire par l’armée russe:

«Ces derniers jours, nous avons été bouleversés par quelque chose de tragique: la guerre. À maintes reprises, nous avons prié pour que cette voie ne soit pas empruntée. N’arrêtons pas de parler, et même, supplions Dieu plus intensément. C'est pourquoi je renouvelle à tous l'invitation à faire du 2 mars, mercredi des Cendres, une journée de prière et de jeûne pour la paix en Ukraine. Un jour pour se faire proche des souffrances du peuple ukrainien, pour sentir que nous sommes tous frères et sœurs et pour implorer de Dieu la fin de la guerre.

Celui qui fait la guerre oublie l'humanité. Il ne part pas du peuple, il ne regarde pas la vie concrète du peuple, mais fait passer les intérêts partisans et le pouvoir avant tout. Il s'appuie sur la logique diabolique et perverse des armes, qui est la plus éloignée de la volonté de Dieu. Et il se distancie des gens ordinaires, qui veulent la paix et qui, dans chaque conflit, sont les véritables victimes, qui paient dans leur chair les folies de la guerre. Je pense aux personnes âgées, à celles qui cherchent refuge en ce moment, aux mères qui fuient avec leurs enfants... Ce sont des frères et des sœurs pour lesquels il est urgent d'ouvrir des couloirs humanitaires et qui doivent être accueillis. Le cœur brisé par ce qui se passe en Ukraine - et n'oublions pas les guerres dans d'autres parties du monde, comme le Yémen, la Syrie, l'Éthiopie... - je le répète : que les armes se taisent! Dieu est avec les artisans de paix, pas avec ceux qui utilisent la violence. Parce que ceux qui aiment la paix, comme le dit la Constitution italienne, “répudient la guerre comme instrument d'agression contre la liberté d'autres peuples et comme moyen de régler les différends internationaux”».

 


 

Outre les nombreux appels au dialogue distillés ces dernières semaines, alors que les tensions ne cessaient de croître, le Pape a, depuis le déclenchement de l’offensive russe, multiplié les gestes symboliques. Vendredi, il s’est ainsi rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège, à quelques mètres du Vatican, pour y exprimer son inquiétude. Auparavant, dans la soirée de jeudi, l’évêque de Rome s’est entretenu par téléphone avec le chef de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, Mgr Sviatoslav Shevchuk, actuellement réfugié dans les sous-sols de sa cathédrale, à Kiev, non sans les avoir ouverts à qui avaient besoin d’un abri contre les bombes. Enfin, hier, samedi, François a échangé, toujours par téléphone, avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky. Dans un tweet ce dernier l’a remercié de son «soutien spirituel».

Sur le terrain, le président Zelensky a indiqué que la nuit avait été «dure», affirmant que des bombardements russes avaient visé des zones habitées.

Des combats de rue entre forces ukrainiennes et armée russe sont en cours à Kharkiv (nord-est), deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, où les autorités ont rapporté une «percée» des troupes de Moscou. Des blindés légers abandonnés ou en feu sont visibles dans les rues, tandis que les coups de feu et les explosions sporadiques résonnent dans la ville, en grande partie déserte, les habitants se terrant chez eux.

Ce dimanche, les Nations unies estiment que ce sont quelque 368 000 réfugiés qui ont fui les combats en Ukraine depuis jeudi pour gagner les pays voisins et leur nombre «continue à augmenter». Côté ukrainien, on recense pour l'heure environ 198 victimes civiles.

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