Homélie pour les obsèques de l'abbé Brenac

 

 

 

Lecture : 1° lettre aux Thessaloniciens, 4, 13-18

Evangile : selon saint Jean 11, 32’45

 

« Si  tu crois, tu verras la Gloire de Dieu !»

Comme Marthe et Marie, à l’heure de la mort de leur frère Lazare,  nous sommes désemparés devant le départ de Jacques, de l’abbé Jacques Brenac, votre frère Geneviève, vous qui l’avez tant accompagné. -  nous pensons à sa belle sœur Marie, à son frère Pierre et son épouse Michelle, trop âgés pour être parmi nous -,  votre oncle,  vous ses nombreux neveux, petits neveux et arrières petits neveux, notre frère pour nous prêtres et évêque, votre ami, nombreux ceux qui n’ont pas pu nous rejoindre.

 

Oui, comme les deux sœurs de Lazare, Seigneur: nous  nous tournons vers Toi. « Seigneur,  c’est dur de perdre un être cher ! N’aurais-tu pas pu éloigner la morsure de la mort, la violence de la pandémie qui nous agresse… ? »

 

Dans le « si tu crois.. » j’entends, j’ai toujours entendu,  la reconnaissance par Jésus de la foi, même peu assurée, de Marthe et de Marie , « Marthe, puisque tu crois,  tu verras la Gloire de Dieu. »

 

Jacques était un homme, un prêtre, solide dans la foi. Durant tout son ministère il a manifesté une grande fidélité à la foi de l’Eglise, reçue à son baptême, nourrie dans sa vie familiale et épanouie dans sa vocation de prêtre. Il a fait sienne, l’affirmation de Paul entendue dans la lettre aux Thessaloniciens « Jésus nous le croyons est mort et ressuscité, de même nous le croyons ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les  ressuscitera », il l’annoncée, il l’a enseignée, il en a témoigné. Pour lui maintenant s’accomplit ce qu’écrivait saint Grégoire de Nazianze, « c’est la Pâque du Seigneur, c’est le jour de la résurrection, et le commencement de la vraie vie. »

 

« Le signe » du retour à la vie de Lazare, comme l’appelle saint Jean, le miracle,  s’accomplit au cœur d’une relation humaine, d’une amitié forte, pleine d’affection et de tendresse ; « Alors jésus pleura ! Voyez comme il l’aimait. »

Nous rejoignons les sentiments du Christ nous qui sommes réunis autour  du cercueil de Jacques Brenac,  avec en nos cœurs les liens personnels que chacun d’entre nous a tissés avec lui, dans les heures de joies et dans les jours difficiles. Merci à tous ceux qui lui ont été proches en ces dernières années à la résidence du Bon Pasteur. Merci aux prêtres de l’aumônerie du CHU, Pierre et Emmanuel,  qui ont célébré pour lui le sacrement des malades dans son lit d’hôpital.

 

Jacques dans son ministère de prêtre a relié le ciel et la terre, Il a créé des liens avec tant de  personnes diverses,  enfants et  jeunes au catéchisme et dans les camps, familles accompagnées vers le mariage et le baptême. Et vous nous l’avez rappelé au début de la célébration par les nombreux témoignages reçus. Hier une paroissienne de sainte Jeanne d’Arc me confiait : »l’abbé Brenac a été si gentil avec moi, à l’heure du décès de mon mari, je ne l’oublierai pas. »

 

Relation aussi joyeuse et pleine d’espièglerie comme tu le rappelait Eric.

Relations parfois rugueuses ces dernières années, mais plus apaisées ces derniers mois.

Oui, et c’est là notre foi : nos attitudes quotidiennes de proximité et d’amitié, de don et d’attention aux plus déshérités,  sont des signes de la résurrection du Christ semés sur cette terre. Comme nous l’entendions  dimanche dernier … « j’étais malade et tu es venu me visiter ».

 

Au terme du long récit de l’Evangile de la   résurrection de Lazare, une sentence tombe comme un couperet : « C’est ce jour-là qu’ils décidèrent de le faire périr ».

Nous le savons la vie du Christ est chemin de paix, de joie, mais aussi chemin d’épreuves, d’obstacles, depuis la fuite en Egypte, les incompréhensions, les contradictions, les pièges tendus par les autorités religieuses, jusqu’à la trahison et la condamnation à mort.  Chacun de nous rencontre le mystère de la souffrance, des évènements douloureux, de la séparation et  de la maladie.

 

Les épreuves de la vie n’ont pas été épargnées à Jacques Brenac, épreuve familiale depuis son plus jeune âge, décès de son père et de sa sœur aînée, épreuve de l’incompréhension parfois, épreuve de la maladie qui l’éloignait des siens et de notre presbyterium, jusqu’à être atteint et blessé par le virus de la pandémie.

Jacques a fait face avec son courage et dans la foi. « Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toute chose »

 

Tu vois,  Jacques,  nous nous retrouvons pour t’accompagner dans ton chemin vers le ciel, en cette église saint Pierre, où nous avons vécu les célébrations de notre jeunesse et même célébré nos premières messes et bien des événements heureux et douloureux de nos familles.

Devant le grand vitrail de la tempête apaisée au-dessus du maître autel et devant la voute de la chapelle mariale, où nous avons si souvent prié,  que chacun de nous en cette eucharistie retrouve  au cœur de  la tempête de ton départ de cette terre, l’apaisement offert par le bras tendu du Christ et la tendresse de Marie qui t’accueille auprès du Père.

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